Copeaux d'aronde

Mobilier multimatériaux, d'intérieur et d'extérieur, par Timothée Delay

Coffre Noir

Meuble de fin d'études, DMA ébénisterie.

Il s'agit d'un coffre, sur le thème du voyage et de la matière. C'est un peu ancien, j'ai oublié les élucubrations artistico-sociologiques, mais en gros, la texture à la feuille d'or... j'en parlerai plus bas.

Un petit sandwich trois plis chêne-contreplaqué-chêne fait maison.

et merveille des merveilles de la machine bas de gamme qui permet quand même des choses extraordinaires : la perceuse à bédane pour faire des trous carrés. Du génie. et des muscles dans les bras.

queues droites...

...Et queues d'aronde !

Le Toupillage des façades. Premiers usinages de gros à la toupie, ça souffle! On s'en souvient.

Des demis queues, pour faire joli

le brûlage de la surface au chalumeau. Après brossage, lavage, huilage, on arrive à un noir mat, soyeux, profond et texturé, résistant, qui ne laisse pas de traces sur les doigts.

Le travail de laquage, pour les façades intérieures. C'est un multicouche de vernis phase aqueuse, sans solvants donc, teinté aux pigments, avec insertion de feuille d'or travaillée. Le tout est poncé par endroits, plus ou moins, pour faire réapparaître la feuille d'or. La finition est à la gomme laque, au pistolet, pour un brillant plus marqué. Elle est ensuite lustrée à la pâte à polir, pour encore plus de brillance. Un travail long et fastidieux, près d'une vingtaine de couches de vernis sont nécessaires pour donner cette profondeur et ce brillant à la texture. Avec bien sur un ponçage fin entre chaque couche.

Pas assez d'ébénisterie fine dans mon travail, et quelques semaines avant l'examen... J'ai donc fait des petits compartiments. Des boites à rêves, à secrets... En sycomore ondé, fonds en cp plaqué sycomore. Et re-finition laquée sur les couvercles. Un peu d'organisation et d'étiquetage correct a été nécessaire ici, ça commence à faire un sacré paquet de petits morceaux.

ça brille !

Le rêve, l'histoire, l'expérience de vie... Chez un humain, avec l'âge viennent les rides, et l'apparence extérieure se détériore. Mais l'intérieur s'enrichit, le vécu, quand on creuse, révèle une beauté unique. Ce meuble veut retranscrire la même idée : ridé à l'extérieur, après être passé par le feu, endurci, il présente à l'intérieur, caché au premier abord, une beauté profonde. La texture de laque est une texture par strates, retravaillée au ponçage, pour creuser le vernis teinté et faire réapparaître la feuille d'or. Comme pour remonter dans les souvenirs, révéler les couches anciennes, dévoiler leur beauté. Le bleu océan et l'or sont comme des cartes au trésor, des géographies de rêves, dans lesquelles on pourrait se perdre.

Les bois utilisés accentuent aussi cette idée : La caisse est en chêne massif, un bois dur, symbole de l'age, de la force, de la maturité, au caractère brut, facilement rustique. L'intérieur est en sycomore, un bois clair, fin, à la texture soyeuse. Le veinage des boites est ondé, véhiculant aussi cette idée du rêve, une certaine douceur et langueur poétique.